Comment soulager le nerf d’Arnold : des traitements alternatifs existent

L’

intĂ©rĂŞt scientifique pour la malformation de Chiari (CM), Ă©galement connue sous le nom de malformation d’Arnold-Chiari, est Ă©levĂ©. Depuis le dĂ©but de 2016 jusqu’Ă  aujourd’hui, PubMed a indexĂ© 309 articles publiĂ©s, soit une moyenne de 2,25 par semaine. Cependant, comme la CM est une maladie rare, la plupart des Ă©tudes publiĂ©es sont rĂ©trospectives et basĂ©es sur de petits nombres. Les mĂ©ta-analyses sont seulement aussi bonnes que la qualitĂ© des donnĂ©es primaires, qui sont gĂ©nĂ©ralement des preuves faibles Ă  moyennes dans le cas de CM. Cela ne fait pas grand-chose pour remĂ©dier Ă  la confusion gĂ©nĂ©ralisĂ©e autour de la CM et de son traitement.

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DĂ©finition de CM

La dĂ©finition actuelle de CM est trop large. En 1891, Hans Chiari a dĂ©crit 3 formes de malformations avec hernie du cerveau arrière Ă  l’extĂ©rieur du crâne :

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  • Type I : amygdales cĂ©rĂ©belleuses hernie Ă  travers le foramen magnum dans le canal rachidien pendant 5 mm ou plus.
  • Type II : la hernie implique plus du tronc cĂ©rĂ©bral et du cervelet, y compris le quatrième ventricule, toujours en combinaison avec unmyĂ©lomĂ©ningocèle.
  • Type III : consiste en une encĂ©phalocèle contenant un cervelet.

Plus tard, un type IV a Ă©tĂ© ajoutĂ© Ă  l’Ă©quation, consistant en une hypoplasie, voire une aplasie, du cervelet, sans hernie.

Certains chercheurs ont Ă©galement proposĂ© les niveaux 0 et 1,5, mais ces formes ne sont toujours pas reconnues par beaucoup. Des auteurs plus rĂ©cents parlent de CM mĂŞme lorsque la hernie du cerveau arrière n’est pas une anomalie congĂ©nitale, mais le rĂ©sultat de processus intracrâniens occupant l’espace tels que l’hydrocĂ©phalie ou les tumeurs.

Seul le type I de malformation (CM-I) sera discutĂ© dans cet article, car c’est la forme la plus courante de CM et consiste en une hernie des amygdales cĂ©rĂ©belleuses dans le canal rachidien, souvent associĂ©e Ă  une fosse postĂ©rieure plus petite. Sa symptomatologie est variĂ©e en raison des nombreux noyaux nerveux situĂ©s dans le tronc cĂ©rĂ©bral : le noyau vagal dans la mĂ©dulle (le nerf vague fournit Ă©galement le larynx avec innervation), les nerfs de motilitĂ© oculaire,les noyaux sensibles et moteurs trijumeau, le noyau du nerf facial et les nerfs de la langue. Le cervelet joue un rĂ´le non seulement dans la coordination du mouvement et l’Ă©quilibre, mais aussi dans la cognition.

SymptĂ´mes CM

Les signes neurologiques peuvent ĂŞtre reconnus Ă  la naissance, plus tard dans l’enfance ou Ă  l’âge adulte. La plupart des personnes atteintes de CM-I sont asymptomatiques2 et restent comme ça pendant longtemps. Dans d’autres cas, la compression de parties du tronc cĂ©rĂ©bral et du cervelet gĂ©nère des douleurs au cou, des Ă©tourdissements, des acouphènes, des troubles de la parole ou de la dĂ©glutition, de l’apnĂ©e du sommeil, des nausĂ©es et des vomissements, et une incoordination des mouvements de la main, y compris les fonctions motrices fines.

CĂ©phalalgie, la manifestation la plus frĂ©quente de CM-I, est une consĂ©quence de la circulation altĂ©rĂ©e du liquide cĂ©phalo-rachidien (LCR) Ă  travers le foramen magnum. Il est sĂ©vèrement exacerbĂ© en toussant. L’Ă©coulement anormal du LCR dans le canal mĂ©dullaire conduit Ă  sa dilatation (hydromyĂ©lie) ou Ă  des cavitĂ©s para-axiales remplies de liquide dans la colonne vertĂ©bralecordon (syringomyĂ©lie). Ces symptĂ´mes peuvent nuire Ă  la fonction de la moelle Ă©pinière, entraĂ®nant une faiblesse musculaire ou des dĂ©ficits sensoriels.3 De telles manifestations neurologiques devraient suggĂ©rer d’effectuer une imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique du cerveau et de l’ensemble de la colonne vertĂ©brale pour dĂ©tecter une Ă©ventuelle syringomyĂ©lie.

De nombreuses Ă©tudes signalent Ă©galement un dĂ©ficit cognitif chez les personnes atteintes de CM. Un examen rĂ©cent a rĂ©vĂ©lĂ© qu’il existe des preuves relativement plus solides d’un dĂ©ficit cognitif de l’exĂ©cutif que pour d’autres modifications de la cognition4. Cependant, les auteurs recommandent d’autres Ă©tudes contrĂ´lĂ©es prospectives afin de parvenir Ă  une conclusion dĂ©finitive.

Traitement CM

Le traitement du CM-I symptomatique est chirurgical, dans le but de rĂ©duire la compression et de rĂ©tablir le flux normal du LCR. Le nombre de chirurgies pour CM-I augmente, bien que la plupart des spĂ©cialistes dans le domaine ne recommandent pas la chirurgie prophylactique chez les personnes asymptomatiques avec CM-I.5 Oliver Bozinov, MD, vice-prĂ©sident du DĂ©partementLa neurochirurgie Ă  l’hĂ´pital universitaire de Zurich, en Suisse, estime que de nombreuses opĂ©rations sont effectuĂ©es trop tĂ´t, et peut-ĂŞtre par des spĂ©cialistes moins expĂ©rimentĂ©s, ce qui pourrait entraĂ®ner un taux plus Ă©levĂ© de complications.

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Les donnĂ©es suggèrent que les patients asymptomatiques devraient ĂŞtre rassurĂ©s que le risque de dĂ©velopper des signes neurologiques est faible et qu’un suivi rĂ©gulier par imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique est la meilleure voie d’action. Une mĂ©ta-analyse rĂ©cente portant sur l’histoire naturelle de la CM-I a rĂ©vĂ©lĂ© que 93,3 % des sujets asymptomatiques, dont certains atteints de syringomyĂ©lie, demeuraient les mĂŞmes Ă  la fin d’un suivi d’au moins 10 ans2.ĂŞtre traitĂ© pour des maux de tĂŞte (y compris des maux de tĂŞte contre la toux) ou des nausĂ©es et faire l’objet d’un suivi, car une amĂ©lioration clinique est souvent observĂ©e. Une telle approche prudente est justifiĂ©e par l’avantage d’Ă©viter les complications potentielles de la chirurgie.2

La chirurgie sera nĂ©cessaire chez les patients prĂ©sentant des manifestations sĂ©vères : dysfonctionnement du nerf crânien, symptĂ´mes cĂ©rĂ©belleux, myĂ©lopathie, syringomyĂ©lie ou mal de tĂŞte de toux sĂ©vère. La plupart des neurochirurgiens effectuent une dĂ©compression de la fosse postĂ©rieure par craniectomie suboccipitale et laminectomie de la première vertèbre cervicale. Pour rĂ©duire davantage la compression, souvent la dura est incisĂ©e et un patch (de tissu autologue ou synthĂ©tique) est utilisĂ© pour Ă©largir l’espace sous-dural.

Une mĂ©ta-analyse publiĂ©e rĂ©cemment a comparĂ© les deux techniques : Bien que le fait de laisser la dura intacte ait Ă©tĂ© associĂ© Ă  une durĂ©e de fonctionnement plus courte, le taux d’amĂ©lioration postopĂ©ratoire Ă©tait infĂ©rieur de 15 %. L’exĂ©cution d’une duraplastie a prolongĂ© la durĂ©e de la chirurgie et a Ă©tĂ© significativement plus souvent suivie d’une fuite de LCR etpseudomeningocele, mais le rĂ©sultat clinique Ă©tait meilleur. Cette approche offrait une meilleure chance de guĂ©rir la syringomyĂ©lie.6 Si la syringomyĂ©lie symptomatique persiste, elle pourrait ĂŞtre drainĂ©e par shunt jusqu’aux espaces sous-duraux ou pleuraux ou pĂ©ritonĂ©aux. Les autres complications après la chirurgie sont moins frĂ©quentes mais potentiellement graves : mĂ©ningite bactĂ©rienne ou aseptique, hĂ©matome Ă©pidural, apnĂ©e postopĂ©ratoire et autres dysfonctionnements du tronc cĂ©rĂ©bral.7

Comme alternative chirurgicale chez les enfants, une simple incision de la dure-mère sans correction peut donner de bons rĂ©sultats.8 De plus, une amygdalectomie cĂ©rĂ©belleuse sous-piale minimalement invasive avec reconstruction du cisterna magna a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme une alternative valable Ă  la dĂ©compression de la fosse postĂ©rieure9. contre le risque d’arachnoĂŻdite et les adhĂ©rences après amygdalectomie, ce qui aggrave le pronostic postopĂ©ratoire. Il mentionne Ă©galement que, malgrĂ© une dĂ©compression de la fosse postĂ©rieure correcte, chez quelques patients, la maladie peut encore progresser vers l’hydromyĂ©lie.

En gĂ©nĂ©ral, le pronostic après la chirurgie est bon, mais cela dĂ©pend de la gravitĂ© de la maladie avant l’opĂ©ration. Certains patients prĂ©sentant des dĂ©ficits neurologiques de longue date et une atrophie musculaire peuvent ne pas s’amĂ©liorer. En fin de compte, le CM-I demeure un dĂ©fi pour les neurochirurgiens, et l’approche doit ĂŞtre soigneusement adaptĂ©e aux caractĂ©ristiques individuelles de chaque patient.

Références

  1. Institut national des troubles neurologiques et des accidents vasculaires cĂ©rĂ©braux. Fiche d’information sur la malformation de Chiari. https://www.ninds.nih.gov/Disorders/Patient-Caregiver-Education/Fact-Sheets/Chiari-Malformation-Fact-Sheet. Mis Ă  jour le 6 juillet 2018. ConsultĂ© le 20 aoĂ»t 2018.
  2. Langridge B, Phillips E, Choi D. Chiari malformation type 1 : revue systĂ©matique de l’histoire naturelle et gestion conservatrice. World Neurosurg. 2017 ; 104:213 —219.
  3. Gad, KA, Yousem, SM. Syringohydromyélie chez les patients atteints de malformation de Chiari I : analyse rétrospective. AJNR Am J Neuroradiol.2017 ; 38:1833 -1838.
  4. Rogers J.M., Savage G, Stoodley MA. Un examen systématique de la cognition dans la malformation de Chiari I. Neuropsychol Rev. 2018 ; 28:176 -187.
  5. Wilkinson DA, Johnson K, Garton HJL, Muraszko KM, Maher CO. Tendances dans le traitement chirurgical de la malformation de Chiari Type I aux États-Unis. J Neurosurg Pediatr. 2017 ; 19:208 -216.
  6. Xu H, Chu L, He R, Ge C, Lei T. Décompression de la fosse postérieure avec et sans duraplastie pour le traitement de la malformation de Chiari type I-A revue systématique et méta-analyse. Neurosurg Rév. 2017 ; 40:213 -221.
  7. Bhimani AD, Esfahani R.D., Denyer S, et coll. Malformations Chiari I adultes : analyse des facteurs de risque et des complications chirurgicales Ă  l’aide d’une base de donnĂ©es internationale. Monde Neurosurg. 2018 ; 115:e490-e500.
  8. Kurzbuch AR, Jayamohan J, Magdum S. Traitement chirurgical de la malformation pédiatrique Chiari I : décompression foramen magnum avec dura laissée ouverte, chez 70 patients. Présenté au : Symposium international Syringomyelia-Chiari 2018 ;17-20 juillet 2018 ; Birmingham, Royaume-Uni.
  9. Lou Y, Li H, Jin Y, Liu L. Amyillectomie sous-piale minimalement invasive (MIST) et reconstruction de la cysterna magna dans le traitement de la malformation de Chiari type 1 par syringomyélie. Présenté à : Syringomyelia-Chiari 2018 International Symposium ; 17-20 juillet 2018 ; Birmingham, Royaume-Uni.

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